Le Venezuela est né dans un bivouac, aimait à dire Hugo Chavez, répétant une formule attribuée à Simon Bolivar. Il l’est resté. Sauf pendant les quarante ans du régime de l’Action démocratique, entre 1958 et 1998, l’armée a pris ses quartiers en ville. Elle a fondé des régimes, en a interrompu, prolongé, protégé, sapé d’autres. Elle a arbitré entre les forces politiques civiles. Officiers et prétoriens ont été d’importants acteurs du XXe siècle vénézuélien. Leur affiche aura-t-elle assez jauni au XXIe, tandis que s’amorce l’incertaine transition de l’après-Chavez?
Chavez lui-même, dans sa personne et dans son projet, était l’illustration du rôle prépondérant de la caste militaire vénézuélienne. Soldat, il avait vu l’Académie militaire comme «l’essence de la vie. Sa véritable vocation.» Président, il lançait en 1999 le Plan Bolivar 2000: 40 000 soldats envoyés «de maison en maison, ratisser le terrain» pour abattre l’ennemi, «la faim»; pour «donner au peuple des bouffées de vie plutôt que la mort sous les balles»; pour ouvrir des routes «avec les équipements militaires», etc.
Lieutenant-colonel au moment des grandes émeutes de Caracas de 1989 contre l’austérité, qui avaient fini en bain de sang, Chavez cherchait à purifier l’armée: «Il y a dix ans, nous sommes sortis des casernes pour massacrer le peuple, maintenant nous allons le remplir d’amour.» L’armée coupable allait sous sa botte inventer un pays nouveau. Chavez ne le présiderait pas, il le révolutionnerait, fleur au fusil. C’était le dernier épisode d’un feuilleton militaire qui en comptait de nombreux.
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