Sabaneta del Orinoco : trois rues dépourvues de bitume, quelques habitations couvertes de palmes sur les rives d’un rio. C’est là que, dans une maison au sol de terre battue, Hugo Rafael Chávez Frías voit le jour le 28 juillet 1954. On se trouve au pied des ultimes collines des Andes, aux portes des vastes plaines du basin de l’Orénoque – les llanos. Humbles instituteurs, les parents de Hugo descendent d’Indiens et d’Espagnols, sûrement même de Noirs. En quelque sorte, Hugo est un zambo.

Hugo a 4 ans lorsque, chassé par une insurrection, le dictateur Marcos Pérez Jiménez se retire à Miami, lesté de 300 millions de dollars, à peine de quoi couvrir ses faux frais. Douze mois plus tôt, le secrétaire d’Etat américain Foster Dulles l’avait félicité : il dirigeait le gouvernement latino-américain le plus proche de celui des Etats-Unis.

Chavez a 5 ans quand Fidel Castro fait fondre La Havane et que Cuba change de mains. Séduits par l’exemple castriste, la gauche étudiante, le Parti communiste et de nombreux intellectuels vénézuéliens rêvent d’un autre pays. Ils envoient un message : que Fidel vienne pour motiver le peuple. Et Fidel vient ! Invité par le tout nouveau président Romulo Betancourt, il prononce un premier discours mémorable à Caracas, depuis la passerelle de son avion. Il parcourt les rues de la ville au milieu d’un enthousiasme délirant, mieux accueilli que Richard Nixon, convié à quelque temps de là. Nixon, la foule le hue, chahute sa voiture, le conspue. Fort imprudemment d’ailleurs. Vingt minutes après le début de l’« outrage », la flotte américaine sort de Porto Rico. Dans un sillage d’écume, elle se dirige vers le Venezuela. Par chance, elle fait vite demi tour, on en restera là. Pour l’instant…

Source : « Pour l’instant ». Naissance du chavisme, par Maurice Lemoine | Venezuela Infos