Le sourire fatigué traduit tout de même un amusement attendri devant l’ignorance de l’étranger. Du sucre ? « No hay. » De la farine de blé ? « No hay. » Du papier toilette ? « No hay », pas plus que tout ce qui y ressemble, serviettes en papier ou essuie-tout. « Il n’y a pas » non plus de riz. En revanche, la jeune femme qui passe la serpillière dans ce supermarché d’un quartier chic de l’est de Caracas indique la farine de maïs pour les arepas, ces crêpes épaisses qui constituent la base de l’alimentation au Venezuela. Ce soir, les seuls rayons qui resteront bien garnis seront ceux des boissons alcoolisées : la prohibition s’applique jusqu’au 15 avril, lendemain de la présidentielle.
L’économie du pays est exsangue et constitue l’une des préoccupations majeures des Vénézuéliens, à quelques heures de cette nouvelle élection qui suit la mort d’Hugo Chávez, le 5 mars. On s’échange les adresses de magasins qui vendent du dentifrice ou du lait, avant de s’y ruer pour stocker des articles qui ne reviendront pas avant des semaines. L’inflation est supérieure à 20 % (ce qui a rendu nécessaire une dévaluation de 32 % en février), et l’indice de pénurie chronique des produits de base tourne autour de 18 %. « Il ne devrait pas dépasser 2 % », assure Arnoldo Pirela, économiste. « On peut l’expliquer par plusieurs facteurs, notamment le contrôle des changes et la détérioration de l’appareil productif du pays. Pour la campagne du 7 octobre 2012 [où Chávez avait été réélu, NDLR], on a distribué énormément d’argent, et l’État s’est endetté, nous le payons aujourd’hui. »
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