La campagne de l’élection présidentielle du 14 avril a débuté. Nicolas Maduro, le favori, comme son outsider de droite, Henrique Capriles, se revendiquent de l’héritage de Chavez.
Les Judas ont brûlé. Dimanche de résurrection oblige, les habitants des barrios ont mis le feu à des mannequins empaillés pour célébrer la Pâques. Rompant avec le silence de ces derniers jours, la pétarade qui a accompagné ce rituel a, d’une certaine manière, lancé le compte à rebours de l’élection présidentielle du 14 avril qui désignera le successeur du président Hugo Chavez, mort le 5 mars. Ce scrutin, qui voit s’affronter le candidat du Parti socialiste uni du Venezuela (Psuv), et vice-président par intérim, Nicolas Maduro, à Henrique Capriles, de la Table d’unité démocrate (coalition hétéroclite de la droite), est chargé de symboles.
Pour la première fois depuis quatorze ans, et après autant de scrutins, cette élection se déroulera sans Hugo Chavez, dont le leadership a profondément marqué le pays. Sa figure est d’ailleurs omniprésente : sur les chaînes publiques, dans la presse, sur les murs de Caracas, mais surtout lors des premiers actes de cette campagne express. Dans un discours souvent emprunt de contemplation, et de religiosité, Nicolas Maduro, donné favori dans les sondages, se pose bien évidemment en successeur désigné du leader de la révolution bolivarienne, en se présentant comme le « fils de Chavez ». L’ancien ministre des Affaires étrangères a d’ailleurs décidé de donner le coup d’envoi de sa campagne, à Barinas, l’État qui a vu naître le Comandante, tout comme ce dernier l’avait fait lors de la présidentielle du 7 octobre 2012. Vendredi, lors du lancement des unités de bataille du commando Hugo Chavez (équipe de campagne) des plaines de l’Ouest, Nicolas Maduro a insisté sur l’enjeu électoral : « Le modèle de la patrie et celui de l’anti-patrie. » « Il y a deux modèles et deux horizons, a-t-il harangué. Le modèle du socialisme démocratique ou celui des privatisations, celui de la révolution bolivarienne, chaviste, ou celui de Washington. Il y a un horizon capitaliste et un horizon chrétien et socialiste, c’est vous qui décidez. »
Henrique Capriles, quant à lui, déploie une stratégie pétrie de mimétisme. Après son échec lors de la précédente présidentielle et des déclarations fracassantes sur de prétendues manipulations de la mort de Chavez par les autorités, le fondateur de Primero Justicia tente désormais de capter une part de l’héritage. Usant de formules détournées du leader défunt, Henrique Capriles avait même envisagé d’entamer lui aussi sa campagne à Barinas, avant de se raviser. Il a baptisé son commando de campagne du nom de Simon Bolivar, si cher aux yeux de Chavez, alors que la droite a toujours relégué aux oubliettes de l’histoire le héros de l’indépendance du Venezuela. Sur le fond, le candidat de la MUD avance masqué, préférant taire le caractère ouvertement libéral de son programme. Son cheval de bataille reste les livraisons de pétrole avantageuses aux pays voisins, à commencer par Cuba, ou encore l’insécurité. L’opposition avait d’ailleurs prévu, hier soir, une marche aux flambeaux dans la capitale contre ce problème qui préoccupe, en premier lieu, les Vénézuéliens.
Dernier symbole enfin : le 14 avril est, pour les chavistes, l’anniversaire du retour de la démocratie après le coup d’État avorté contre Chavez, le 11 avril 2002. Cette date sera aussi celle de la fin de la campagne qui, pour l’heure, il faut le reconnaître, manque de fond politique.
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