Mardi, un navire venu d’Europe accostait dans le pays pour la première fois en quinze ans. Signe d’une reprise du tourisme jusque-là limité aux Russes. Et symbole d’un retour de Caracas sur la scène internationale.
Sur l’île paradisiaque de Margarita, environ 500 passagers – français, espagnols, allemands, ou encore suisses et italiens – ont débarqué, mardi, du navire Amadea. Un accueil tout sourire leur était réservé. Le navire parti de France, battant pavillon des Bahamas et exploité par la société allemande Phoenix Reisen, est le premier bateau de tourisme européen à se rendre au Venezuela depuis quinze ans. Signe d’un réchauffement entre les principales capitales occidentales et Caracas : depuis des années, les entreprises de tourisme européennes évitaient le pays qui traverse la pire crise politique et économique de son histoire.

Au même titre, donc, que les quelques touristes européens qui ont retrouvé mardi la «perle des Caraïbes» comme on surnomme l’île de Margarita. C’est l’ouverture de la frontière maritime entre le Venezuela et les îles néerlandaises Bonaire et Aruba qui a permis le passage du bateau européen. Une frontière qui était fermée depuis 2019, au plus fort de la crise politique qui a vu Caracas s’isoler sur la scène internationale.L’arrivée de l’Amadea permet au Venezuela d’espérer «revenir sur le radar des grandes compagnies de croisière» d’après le président de Conseturismo, Leudo González. Alors que le pays est en «sécheresse absolue» touristiquement parlant, ce discret retour des visiteurs occidentaux est accueilli comme une bonne nouvelle et une démonstration de la capacité vénézuélienne à redevenir une terre d’accueil pour les vacanciers du monde entier qui veulent profiter du soleil des Caraïbes.

Ces derniers mois, le gouvernement a largement investi dans ses infrastructures touristiques pour un autre public : les touristes russes. Le Venezuela est un des rares pays à encore accepter d’accueillir ses ressortissants russes, dont le pays est un fidèle allié de Caracas et s’est isolé. Les deux nations ont signé un accord pour que 100 000 touristes soient accueillis en 2022. Une ligne aérienne directe a rouvert le 2 octobre entre Moscou et Margarita, contournant désormais les espaces aériens interdits aux Russes. Une liaison à prix modéré pour profiter d’une destination idyllique et exotique loin du froid moscovite.

Dans ce contexte, l’île de Margarita pourrait devenir l’un des rares endroits au monde où Européens et Russes pourront se dorer la pilule sur une même plage. Symbole de la ligne de crête sur laquelle avance Caracas, toujours très proche de Moscou et Pékin, ses principaux créditeurs, et pourtant en passe de renouer le dialogue avec ses anciens ennemis jurés, qu’ils soient Américains ou Européens.

Source : Au Venezuela, un bateau de croisière, quelques touristes occidentaux et beaucoup de symboles – Libération