On omet souvent de le rappeler, mais tout a commencé le 13 novembre 2001. Décidant de « radicaliser la révolution », le Président Hugo Chávez a signé quarante-neuf décrets-lois parmi lesquels la loi des terres (une réforme agraire), la loi de la pêche (pour protéger les pêcheurs artisanaux), celle des hydrocarbures (interdisant leur privatisation), etc…
D’un large geste de l’avant-bras, les tenants d’un capitalisme pur et dur essuient la sueur de leur front. Chez les « escuálidos » de La Castellana, Altamira, Palos Grandes, Las Mercedes – le Neuilly-Auteuil-Passy de Caracas –, on enrage : « Ce type est un démagogue, un populiste, un fou furieux ! » Au nom de l’organisation Fedecámaras, le patron des patrons Pedro Carmona décrète : « La meilleure façon de protester est de rester à la maison. » Leader de la Confédération des travailleurs du Venezuela (CTV), syndicat plutôt « jaune » sur les bords, Carlos Ortega lui emboîte le pas. Depuis quelques semaines, déjà, il menaçait : « Il n’y aura pas à attendre longtemps pour qu’on aille à la grève générale ! » Eh bien, voilà, c’est fait. Elle aura lieu le 10 décembre. C’est la première de ce type en quatre décennies au cours desquelles, pourtant, les droits des travailleurs ont été sacrément bafoués.