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Pour la troisième fois en six mois, les Vénézuéliens vont retourner aux urnes. Le Conseil national électoral a en effet fixé la date de la prochaine présidentielle au 14 avril. Elle devrait opposer Nicolas Maduro, 50 ans, héritier désigné par Chavez, au candidat de l’opposition unie sous la bannière de la Table d’union démocratique. Cette dernière a proposé une fois de plus àHenrique Capriles, 40 ans, gouverneur de l’État de Miranda, de la représenter.

 

Depuis la mort d’Hugo Chavez, annoncée mardi dernier, le temps semblait s’être arrêté au Venezuela. Alors que des centaines de milliers de chavistes se pressaient autour du cercueil de leur leader, pouvoir et opposition sont restés dans un silence contrit. L’investiture controversée du vice-président Nicolas Maduro, devenu vendredi président par intérim, a changé la donne.

 

La droite conteste notamment l’interprétation de la Cour constitutionnelle qui ne contraint pas Nicolas Maduro à abandonner son poste pour se présenter aux élections. La première salve a été tirée alors que 38 chefs d’État et 57 délégations internationales assistaient aux obsèques officielles. Dans une conférence de presse, Angel Medina, député d’opposition, a dénoncé «des funérailles qui se sont transformées en campagne politique» et demandé le boycott de la cérémonie d’investiture. Quelques heures plus tard, c’est Henrique Capriles lui-même qui lançait un avertissement à Maduro: «Nicolas tu n’as pas été élu président, le peuple n’a pas voté pour toi.»

 

Nicolas Maduro, une fois investi, a définitivement douché les espoirs d’apaisement. Ses premières paroles furent bien sûr pour évoquer entre deux sanglots son mentor: «Pardonnez notre douleur et nos larmes, mais cette écharpe présidentielle lui appartient.» Son premier acte officiel a été la nomination au poste de vice-président du gendre de Chavez, une autre forme d’hommage. Les militants qui avaient envahi la tribune de l’Assemblée ont pu ensuite se régaler d’un discours puisé aux meilleures sources, fustigeant «la canaille médiatique internationale», la «droite fasciste» et «l’élite impérialiste qui gouverne les États-Unis».

Au même moment, un concert de klaxons et de casseroles résonnait dans les quartiers chics de Caracas. L’opposition, cependant, ne pourra pas se contenter de ces protestations pour faire oublier les deux défaites qu’elle vient de subir, à la présidentielle du 7 octobre dernier et aux régionales qui ont suivi deux mois plus tard. Nicolas Maduro est en effet sorti renforcé de ces obsèques nationales où il a été adoubé par toute la gauche latino-américaine. Encore ce dimanche, une autre messe a été dite pour le leader disparu et les files de Vénézuéliens qui viennent lui rendre hommage ne désemplissent pas, alimentées par des convois de bus venus de tout le pays. La campagne électorale, qui ne durera que dix jours, est un casse-tête pour l’opposition qui doit nager à contre-courant de l’émotion populaire. Sans surprise, les clameurs de la rue, mais aussi les sondages, annoncent déjà la victoire de Maduro. Reste une question en suspens. Cet ancien chauffeur de bus à la moustache de caudillo a-t-il les épaules pour endosser l’uniforme de Chavez? Saura-t-il redresser une économie sinistrée, droguée au pétrole et minée par une inflation annuelle de 20 %?

Sur la place Bolivar, centre historique de Caracas, personne n’en doute. C’est ici que se réunissent jour et nuit les partisans les plus fervents du Comandante, dans l’esquina caliente, une sorte d’arène politique où ont été installées une télévision et quelques dizaines de chaises. «Nicolas va suivre le même chemin car il a été formé, pétri par Chavez», assure Enrique, qui doit sa petite pension aux réformes chavistes. «Il a été choisi pour deux bonnes raisons, ajoute Pepe, agent de sécurité. Il vient du peuple, et son expérience de ministre des Affaires étrangères lui a donné de nombreux contacts à l’étranger, c’est un intime des frères Castro.»

Si l’on s’éloigne de quelques rues, là où les oreilles du parti se font moins attentives, les certitudes sont plus vacillantes. Pour beaucoup, Hugo Chavez est irremplaçable. Encore moins par un Nicolas Maduro qui manque singulièrement de charisme. L’acteur-prédicateur qui dansait sur la scène des meetings et prenait dans ses bras les amputés donnait le sentiment à une majorité de Vénézuéliens de vivre dans un pays chaotique, mais unique. «C’est impossible d’égaler les qualités humaines de Chavez, soupire Juanito, un inconsolable chauffeur de moto-taxi. Je ne dis pas que Nicolas n’en a pas, mais il devra aller au-devant des pauvres, lui aussi, pour se faire aimer.»

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