L’annonce par le ministre des Finances vénézuélien, Jorge Giordani, d’une dévaluation du bolívar de près de 32%, passant de 4.30 à 6.30 bolívars pour un dollar pourrait être d’ici quelques années un parfait cas d’école étudié par les futurs traders et financiers.
Cette dévaluation n’est en rien une surprise pour les spécialistes. Tôt ou tard, elle devait arriver. Le clientélisme affiché par le gouvernement en 2012, afin de s’assurer du soutien d’une majorité de la population lors de l’élection présidentielle, a plus que triplé le déficit budgétaire.
Le gouvernement n’avait donc d’autre choix que de recourir à la dévaluation, la cinquième fois en l’espace de neuf ans, depuis le président Chavez est au pouvoir.
Cependant, la raison officielle invoquée ne fut pas la hausse du déficit. Le gouvernement a préféré se dédouaner en affirmant que le coup d’Etat échoué de 2002 et la grève dans le secteur pétrolier qui a suivi ont déstabilisé à un tel point l’économie qu’une dévaluation était encore nécessaire. Chacun peut juger librement de la véracité d’un tel argument.
Contrairement à ce qui a pu être lu ici et là, la dévaluation vénézuélienne n’a strictement rien à voir avec la guerre des devises qui secoue les marchés financiers internationaux. Des préoccupations politiques intérieures, adossées à un contexte économique dégradé, expliquent ce geste du gouvernement.
Politiquement cependant, le coût de cette nouvelle mesure pourrait être dramatique pour le parti au pouvoir alors qu’il est déjà fragilisé par l’absence du président Chavez depuis plus de deux mois pour cause de maladie. Le fait que cette décision soit tombée un vendredi, juste avant les fêtes du carnaval, ne devrait pas pour autant dévier l’attention d’une grande partie de la population qui a vu son épargne fondre en un clin d’oeil.
Une dévaluation a pour effet d’alléger le coût de la dette mais a aussi pour impact négatif d’entraîner une hausse de l’inflation. Quand on sait que celle-ci est officiellement à 22% en janvier, on comprend rapidement qu’elle risque de grimper dans les mois à venir, et frôler de nouveau les 30%. En dévaluant, le gouvernement ouvre la porte à l’hyper-inflation et à une possible agitation sociale aux conséquences encore imprévisibles en termes de stabilité politique.
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