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Quelque 42 chefs d’Etat et de gouvernement participeront au sommet de l’Union européenne et de la Communauté des Etats latino-américains et des Caraïbes (Celac) les 26 et 27 janvier au Chili. Ces états organisés pour la première fois indépendamment des Etats-Unis parleront « d’une seule voix  » (*). Le politologue Thomas Posado analyse les enjeux de cette rencontre, quinze ans après le tournant pris par l’Amérique latine marqué par l’élection de Hugo Chavez à la tête du Venezuela.

Près de 15 ans avoir amorcé un véritable virage à gauche avec l’élection de Hugo Chavez à la tête du Venezuela en 1998, quelle est la réalité de l’Amérique latine aujourd’hui ? 

On constate une baisse très nette des taux de pauvreté. Des programmes sociaux ont été mis en œuvre dans la plupart des pays comme au Venezuela ou au Brésil par exemple. Une autonomie diplomatique s’est instaurée notamment avec la création de l’Unasur et de la Celac et dans la condamnation unanime des coups d’Etats qui ont pu se produire durant cette période. Ainsi, le Paraguay ou le Honduras qui se sont aventurés dans ces voies-là, ont été mis au ban. Après, il est vrai que les projets de sociétés alternatifs, que ce soit le programme du socialisme du 21e siècle que professe Hugo Chavez, ou la démocratie participative qui était l’idéal du Parti des travailleurs au Brésil, demeurent extrêmement flous, très embourbés dans cette espèce de continuité dans laquelle se sont inscrits les Etats qui restent clientélistes et corrompus. Il ne s’est pas produit le type de ruptures avec le capitalisme qu’a connu Cuba. A Cuba, la bourgeoisie est partie dans les années 60. Aujourd’hui, l’opposition patronale reste au Venezuela. 

Est-ce que cela signifie que ces gouvernants n’ont pas réussi à proposer voire à ancrer un projet de société nouvelle ? 

Tout dépend ce qu’on entend par société nouvelle. Je pense qu’il y a beaucoup d’effets de continuité sur les systèmes de production. L’Amérique latine a subi pendant les années 80 et 90 le développement de plans d’ajustement développés par le FMI notamment. Des plans désastreux en termes de privatisation. Depuis, il n’y a pas eu la création d’un état providence tel qu’il existe encore en Europe ou tel qu’il existait même auparavant en Amérique latine. Il y a eu davantage de programmes qui ont jugulé les effets les plus criants de la pauvreté, que le développement d’un nouvel arsenal de lois du travail, de droit social ou encore la création d’un service public de la santé. Je pense que le néolibéralisme a créé plus de changements, dans le mauvais sens du terme évidemment, que les gouvernements de gauche qui ont résorbé ses effets.
Au Brésil par exemple, il y a la volonté politique de mener ce processus en accord avec les élites économiques y compris avec les marchés. Alors certes, il existe des nouvelles formes de démocratie mais qui, au bout de 10 ans, restent à l’état d’élaboration et ne sont pas très institutionnalisées. 

L’actualité, c’est également l’état de santé du président vénézuélien. Selon vous, comment le pays amorcera-t-il l’après Chavez ?

 
Il est très difficile de le savoir même si le président a déjà désigné Nicolas Maduro comme son successeur. La question est de savoir si cette succession va s’inscrire dans la durée et surtout si les contradictions à l’intérieur même du chavisme vont être surmontées. Nicolas Maduro a face à lui Diosdado Cabello, le président de l’Assemblée nationale. Le premier bénéficie de réseaux issus des milieux syndicaux et de la société civile. Le second trouve ses appuis dans l’armée, la néo bourgeoisie qui s’est enrichie sous Chavez. Vont-ils réussir à s’entendre ? C’est une vraie question. Nicolas Maduro arrivera-t-il à combler son déficit de popularité face à Hugo Chavez dont il n’a ni le charisme, ni la légitimité ? Si le président vénézuélien meurt et que de nouvelles élections doivent avoir lieu, l’émotion ferait que probablement Nicolas Maduro serait élu. Si évidemment aucun changement économique majeur ni trahison politique ne viennent bouleverser la donne. 

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