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Prétendre que l’investiture présidentielle du 10 janvier est une formalité parce que M.Chavez réélu en octobre 2012 se succéderait à lui-même est une entourloupe qui fait peu de cas de la Constitution écrite et adoptée par les chavistes. De même, prétendre « prolonger » le mandat présidentiel jusqu’à une hypothétique remise en forme de M.Chavez et remettre donc la responsabilité de l’Etat à Nicolas Maduro, dont la charge s’achevait le 10 janvier, est une entorse à la loi fondamentale. On comprend que des constitutionnalistes purs et durs puissent crier au coup d’Etat. Il faut admettre au moins qu’il y a matière à controverse et que le bon sens, le respect des institutions et le souci de la stabilité du pays devraient inciter à la recherche du consensus.

 

Malheureusement, aucune de ces trois vertus ne caractérisent le Venezuela. Il n’y a plus de séparation des pouvoirs, la déconstruction et le contournement des institutions ont déstabilisé et polarisé la société vénézuélienne, les passions l’emportent sur la raison. La crise actuelle est le produit d’une soumission de l’Etat à un hyper-président qui a fait du pouvoir personnel et de l’utilisation discrétionnaire des pétrodollars sa règle de conduite. L’impasse résulte du vide que le leader populiste a fait autour de lui. La difficulté vient de la rivalité au sommet entre les deux principaux prétendants à la succession, Nicolas Maduro et Diosdado Cabello, qui se partagent des bribes de légitimité : à Maduro, la désignation par M.Chavez lui-même, la confiance de son entourage, le soutien décisif des Cubains ; à Cabello, la position d’arbitre que lui confère la présidence de l’Assemblée, la légitimité d’origine d’avoir participé comme militaire à l’aventure putchiste de M.Chavez en 1992.

 

Le Brésil s’est empressé d’apporter son soutien à ces tripatouillages, bientôt imité par d’autres pays d’Amérique du Sud. Les diplomates de la région ont montré ainsi qu’ils maîtrisaient parfaitement le « double standard », le fameux  « deux poids, deux mesures » qu’ils critiquent, à juste titre, chez les diplomaties des puissances occidentales.

 

Le Paraguay, ce pauvre, très pauvre pays au cœur de l’Amérique du Sud, mal connu et mal aimé, méprisé des voisins, comme du reste du monde, avait connu lui aussi, en 2012, une crise politique et institutionnelle. Le président Fernando Lugo avait été destitué, à la suite d’une procédure d’ »impeachment » conforme à la Constitution, mais menée avec une célérité suspecte. Indignés, les pays voisins avaient crié au coup d’Etat et avaient suspendu le Paraguay des instances régionales. La suspension avait profité au Venezuela, dont l’adhésion au Mercosur (l’union douanière sud-américaine) était jusqu’alors bloquée par les parlementaires paraguayens.

 

a différence entre Paraguayens et Vénézuéliens ? Les premiers ont des kilowatts (de l’usine hydroélectrique d’Itaipu) déjà vendus à des prix d’amis, tandis que les seconds sont bourrés de pétrodollars sur lesquels personne ne saurait cracher.

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