Ignacio Ramonet : Monsieur le Président, l’interview sera comme chaque année divisée en quatre parties. Nous allons parler de la politique intérieure, qui comporte beaucoup de questions importantes, de l’économie, qui est une question fondamentale. Nous allons parler de technologie et de société, précisément à cause de ce que vous venez de dire, des réseaux sociaux. Et nous terminerons par la politique internationale.
Nicolás Maduro : Oui.
Ignacio Ramonet : Je voulais donc commencer par la question suivante, qui concerne la question de la démocratie au Venezuela. Au Venezuela, l’année 2024, qui vient de s’achever, a été une année très électorale. Il y a eu les élections présidentielles du 28 juillet, le référendum sur la Guyana Esequiba, la consultation populaire du 25 août sur les budgets participatifs des communes, l’élection des juges de paix et, cette année, les élections locales et régionales, toute une série d’élections, y compris les élections parlementaires. En d’autres termes, depuis le début de la révolution bolivarienne il y a 25 ans, le Venezuela s’est caractérisé par une grande intensité électorale. Mais récemment, vous avez dit que vous pensiez à une éventuelle réforme constitutionnelle pour injecter plus de démocratie au Venezuela. Je pense qu’il y a déjà assez de démocratie, que faut-il ajouter à la démocratie vénézuélienne ?
Nicolás Maduro : Eh bien, il y a plusieurs questions. Tout d’abord, le bilan que nous tirons, maintenant que la Constitution a célébré son 25e anniversaire le 15 décembre, est de très bon augure, très positif, parce que malgré tant de conspirations, tant de tentatives de coup d’État, le coup d’État que nous avons réussi à renverser en avril 2002, la guerre économique dans ses différentes phases, la guerre psychologique et cognitive, la guerre politique nationale et internationale, nous pouvons reprendre de la principale proposition de l’Assemblée constituante de 1999, à savoir la construction d’une démocratie participative et protagonique (au Venezuela ce mot désigne le droit du peuple à déterminer le cours de la politique, NdT). A l’époque, à la fin des années 1990, le Commandant Chávez a commencé à promouvoir l’idée de dépasser la vieille démocratie de partis, épuisée, la démocratie représentative. Parce que tout en se disant démocratique, elle limitait fortement la souveraineté, le pouvoir du peuple. Et nous pouvons dire que les idées et les propositions d’il y a 25 ans ont été pleinement et entièrement mises en œuvre.
Nous avons eu 31 élections constitutionnelles, 31 élections, périodiques, permanentes, avec un calendrier impeccable, des élections présidentielles, quand il le fallait malgré toutes les guerres, les blocus, il n’y a jamais eu d’excuses pour reporter une élection présidentielle, ou des élections pour les gouvernorats et les conseils législatifs, qui sont le pouvoir de l’État, ou des élections pour les mairies et les conseils municipaux, le pouvoir municipal. Nous avons organisé sept référendums, y compris le référendum sur le territoire de la Guyana Esequiba, pour régler des questions essentielles et fondamentales. Nous devons nous souvenir d’un référendum très important, en 2007, pour une réforme constitutionnelle que nous avons perdue pour 20.000 voix, et nous avons immédiatement reconnu le résultat. Et souvenons-nous du référendum de février 2009 pour modifier la Constitution, parce qu’au Venezuela, pas une virgule, pas un point, pas un mot de la Constitution ne peut être modifié sans référendum. Il s’agit d’un mandat constitutionnel et d’un droit constitutionnel du peuple. Ensuite, en 2006-2007, le Commandant Chávez a entamé la construction d’une démocratie populaire directe, avec la création des premiers conseils communaux, puis le développement du concept de commune, qui est l’agrégation des conseils communaux, et le transfert du pouvoir d’autogestion aux voisines et aux voisins. (…)
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